RECIT DE COURSE
Avant- Course : Kona samedi 13 octobre 2007 03h50.
Après m’être couche de bonne heure 20h30 et une nuit correcte, je me lève plutôt reposé. Puis le rituel du petit dejeuner d’avant course démarre : café ; jus d’orange ; gâteau energétique au chocolat + deux tranches de pain de mie par gourmandise. Annick et Victor dorment profondément. Un petit tour sur la terrasse pour apercevoir le Pier éclairé par de puissants projecteurs. Derniers préparatifs et check –up, puis direction Alii drive pour un pick me-up assure par une navette de chez Hannes en compagnie d’un couple d’américains du Nevada. Il est 4h45 sur le Pier, moments chargé d’émotions porté par la musique de mon Apple Shuffle ou je réécoute quelques morceaux choisis qui ont jalonné mes longues heures d’entrainement les semaines et mois précédents. Direction le marquage avec un nombre impressionnants de bénévoles : les numéros 1 2 4 9 apparaissent sur chaque bras. Je me dirige par la suite dans le parc à vélo dans lequel j’avais pris soin de noter des points de repères pour retrouver ma monture : banderole Timex + Gatorade. Les derniers préparatifs se font dans le calme, j’ai le temps : boissons énergétiques pour le début de course ; gels et gonflage des pneus à 7.5 bars environ. Il est 06h15 j’en profite pour aller saluer Patrick Vernay avec qui j’ai pas mal échangé ces derniers mois (il terminera 10e scratch avec un marathon en 02h48 en remontant de la 26e a la 10eme place : énorme !). Puis je m’assois par terre comme d’autres athlètes en attendant le moment de rentrer dans l’eau. J’en profite pour me détendre et reviennent en moi des moments forts de ma vie : Annick, Victor, mes parents, mes amis, les enfants de CE1 du Sacre Cœur, les médecins qui à l’âge de 15 ans me condamnaient à jouer aux échecs et arrêter tout sport !!! Que de chemin parcouru depuis !
The Race
Puis j’arrête là mes pensées et me reconcentre sur la course : je dépose mon sac d’effets personnels et descend au bord de l’eau. L’hymne américain retentit : grand silence puis je prends la décision de me positionner devant quitte à faire du surplace pendant 10 minutes. C’est parti 200/300 mètres à la « cool » jusqu’à la ligne de départ où les surfeurs en long board évitent que les athlètes débordent ; je regarde derrière moi : 1800 nageurs près à en découdre ! Ca va être chaud ! Je regarde mon Polar , plus que 2min – on sent une grosse tension autour de soi et puis TOP !! Je pars vite mais sans plus , erreur car assez rapidement je suis gêné par des concurrents qui s’étaient positionnés aux premières loges mais qui au bout de 300 mètres ralentissent déjà ! La difficulté réside à se frayer un chemin en évitant de prendre des coups de pied. Par moment je nage en 5/7 temps pour éviter d’avoir à sortir la tête de l’eau et me prendre un coup sur le nez ou sur les lunettes. La bagarre s’estompe peu avant le demi-tour ; la deuxième partie me permet de nager beaucoup plus proprement, je peux enfin allonger les bras et du coup je reprends plusieurs concurrents. Sur le Pier je regarde ma montre un peu plus d’1heure, c’est bon surtout que je ne sors pas fatigué de cette séance natatoire pour le moins rythmée !! Transition éclair, j’en oublie les chaussettes pour le vélo (finalement je ne regrette pas car la chaleur a été terrible par la suite) et hop 2min 28s plus tard je sors du parc pour une partie de manivelles de 185km ( et oui il n’y a pas 180k mais un peu plus)
The Bike
Il fait déjà bon à 08h00 ! pas un nuage à l’horizon et sur les hauteurs : il va falloir bien s’hydrater mais aussi s’asperger le corps. Ca roule déjà fort sur les premiers kilomètres, nous avons peu de vent favorable mais le compteur affiche quand même un peu plus de 38k/h de moyenne avant la montée sur Hawi. Je suis satisfait du matériel et notamment de la Zipp 808 arrière associé au 44/54 osymetric tout ça sur un slice six13 Cannondale (merci Franck). Le casque profilé ne me gêne pas car les deux tunnels d’aération me permettent de ne pas bouillir et puis je peux glisser de l’eau sur ma tête. C’est à ce moment donc les 25 derniers km avant le demi-tour vélo que le vent se fait sentir violemment : plus on se rapproche d’Hawi plus se dernier se renforce ¾ de face. Dans cette portion je reprends beaucoup de concurrents à la peine dans les bosses mais qui roulent comme des fous furieux dans les descentes et sur le plat. J’en profite pour discuter une dizaine de secondes avec Laurent Jalabert juste avant le demi- tour : il me dit qu’il en garde sous le pied !!.
Donc demi-tour gauche : la descente s’effectue jusque 72km/h au compteur ! Le vent violent latéral qui souffle m’oblige à une vigilance extrême pour éviter la chute : je surveille avec attention mon collègue de jeu devant moi qui fait des écarts de 50 cm sur le côté et du coup me mets en alerte pour la rafale à venir !! Avant le croisement sur la Highway (peu après les installations portuaires), la chaleur monte d’un cran et une ascension sur 1km environ me rappelle que nous sommes à Hawaii ! Déjà deux concurrents sur le côté victimes apparemment de coup de chaud attendent de l’aide ! Le vent s’est levé de face de nouveau pour revenir sur Kona. Je roule en essayant de tenir les 35km/h de moyenne, le cœur va bien : 155 puls/min ; les jambes vont bien. Je pose le vélo après 5h17 soit 35km/k de moyenne sur 185.1 km exactement. Pose pipi avec le casque sur la tête puis direction T2 (transition N°2) ou cette fois-ci je prends soin de mettre les chaussettes, la visière, je pars avec ma ceinture gourde (erreur car il fait tellement chaud que ça ne sert à rien – il vaut mieux une gourd de 40/50cl qu’on remplit à chaque ravito de glace et d’eau pour se rafraichir) et je glisse mon bandana couvert blanc ironman ( ce détail aura de l’importance pour la suite..) ainsi que des tubes overstim red tonic et anti crampes.
The Run
Il fait 37° à ce moment de la course ; je pars sur des bases de 7 min /miles environ soit 4.15-4.17k environ (grosse erreur !) ; il fait une chaleur de fou ! Direction St Peterson Church sur Alii Drive en passant devant le Royal Sea Cliff où Annick et Victor m’encouragent ; ça fait du bien. De retour sur Kona et en entamant la montée sur Palani road j’explose littéralement, je n’arrive plus à me rafraichir ! Je pense à ce que m’a dit Annick : mets plutôt ton bandana blanc que la visière ! Elle avait 10 fois raison ! J’ai attrapé un coup sur la cafetière ! A ce moment de la course j’imagine ne pas pouvoir terminer !! C’est terrible alors je pense à tous ceux qui m’ont encouragé et soutenu jusqu’à présent, à la chance d’être ici, je serre les dents pendant 10 bons kilomètres. Ce marathon il n’est vraiment pas évident : des montées et descentes longues ; enfin l’entrée dans Energy Lab se profile : le rythme remonte. Au special Need Food je récupère 2 gels red tonic que je m’empresse d’ingurgiter et hop c’est parti pour 14km avant l’arrivée.
Je marche aux postes de ravitaillement en alternant eau + coca et remplit un bidon récupéré sur le parcours que je remplis de glace pour me rafraichir. Enfin le croisement et le virage pour la descente de Palani Road : il ya du monde de partout ! C’est vraiment impressionnant ! Encore une longue ligne droite puis petite descente et enfin Alii Drive pour les 500 derniers mètres : je suis heureux ! Tout simplement heureux, mon corps n’en peut plus mais je m’arrache quand même 10h12 59s Hawaii 2007 c’est fait : Annick et Victor m’attendent sur la ligne d’arrivée. Une Grande Course, Un Grand Moment : ALOHAAAAAA !
Un grand merci à tous - Merci aux enfant et parents du Sacré Cœur de m’avoir accompagné dans cette aventure. Qu’Annick et Victor soit aussi remercié de m’avoir supporté ( au sens propre comme au sens figuré !!) Un clin d’œil également à mes compères et amis du TCN et mes parents.
Au plaisir de se revoir prochainement avec les photos du voyage et de la course.
Anything is possible
Robby
Epilogue
L’Ironman d’Hawaii est une épreuve extrêmement spécifique : une préparation minutieuse tant sur le plan de la condition physique que sur celui du matériel conditionne étroitement la performance. En outre, plus que n’importe quel autre Ironman, cette expérience renforce énormément la connaissance de soi, du point de vue physiologique comme psychologique. C’est véritablement THE RACE ; celle qui est la pierre angulaire de notre sport et qui continue à entretenir le mythe. Capitaine Collin’s de la Marine Americaine vous avez eu une idée de génie il y a déjà 30 ans !! Que Dieu vous bénisse !!